Esprit Saint Valentin

L’Amour courtois, la fol’amor

Diviniser la Dame et la servir.

 

 

L’amour chevaleresque à laissé une emprunte profonde dans notre conception de l’Amour avec un grand « A », certainement parce qu’il se rapproche par de nombreux cotés à l’amour absolu : il n’obéit en effet ni aux normes de la culture officielle, ni à ceux des commandements ecclésiastiques (étant nécessairement un amour hors mariage).


A une époque plutôt rustre, la courtoisie, la loyauté et la fidélité étaient de fait des qualités plutôt bienvenues pour la gent féminine. D’ailleurs, certainement par réaction à l’utilisation par l’église d’une Eve tentatrice décrite comme dangereuse (et dont il faut se méfier), le « rapport de force » est ici complètement inversé :

– Le rang de la Dame se doit d’être supérieur à celui de son soupirant
– L’amant ne peut aimer sans l’autorisation de sa Dame
– Il se doit de servir sa Dame de manière totalement désintéressée
– Il doit accomplir des exploits pour mériter son attention et être digne de son amour.

Bien que cet amour soit par nature clandestin, l’amour courtois n’incite pas à l’adultère car il ne doit pas se concrétiser charnellement. Pourtant l’attirance sexuelle n’est pas reniée, au contraire ! C’est la beauté de l’amante qui attire l’adulation du chevalier, et c’est la fougue passionnelle de l’amant qui la rassure sur son emprise.
L’attirance physique est bien là, et même plutôt mise en avant au lieu d’être ignorée. Cependant elle n’est jamais assouvie. La chasteté de l’amour courtois est à la fois une épreuve constante dans la relation amoureuse mais aussi sa récompense ultime.

Cette ambivalence est très clairement mise en évidence lors de la cérémonie de l’Assag. La dame et son chevalier sont couchés coté à coté complètement nus et tous les tentations érotiques y sont permises, à la seule condition de ne pas avoir de contact physique. Si le chevalier résiste à la tentation d’étreindre sa belle, alors seulement il est considéré comme capable de la respecter.

L’Amour courtois apporte ainsi un éclairage très subtil, et finalement toujours autant d’actualité, sur la relation amoureuse. A la différence de l’amour platonique, il ne renie pas les instincts sexuels qui nous habitent, l’attirance charnelle fait partie du jeu. Mais le vécu amoureux des deux amants est surtout considéré comme une expérience spirituelle, qui transcende les simples désirs pour viser à quelque chose de plus pur. La vision du monde des deux amants va se retrouver en effet transfigurée par leur amour (cela deviendra d’ailleurs plus tard le coeur de l’amour romantique du XIXème siècle).

Le langage du corps est sublimé pour ne laisser aucune prise à la satisfaction physique sans en renier ses attraits, celui de l’esprit vise à la de communion, désormais l’interprétation du bien et du beau passe par l’être aimé pour s’investir d’un caractère sacré.

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