Esprit Saint Valentin

L’amour romantique

« Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. »
Baudelaire.

Autant l’amour courtois était focalisé sur les bons vouloirs de la Dame et l’abnégation de son soupirant, autant l’amour romantique du XIXeme siècle va opérer un virage radicale vers le « je » et le « moi ».
Non pas qu’il s’agisse d’un amour égoïste, mais l’attention est portée ici sur l’alchimie intérieur que provoquent les passions et les sentiments.
Ainsi si le romantisme n’exclue pas le regard de l’autre, il apporte une nouvelle dimension à la compréhension de nos émotions : c’est notre vision personnelle qui sublime ou rend médiocre autrui.


Le jeu de l’amour romantique va donc s’attacher à enrichir ce regard. Cela implique que la logique rationnelle dont nous nous servons pour décrypter le monde soit substituée par une interprétation de la réalité désormais liée à des valeurs esthétiques et morales.

L’amour a ses raisons que la Raison ignore !

L’amour romantique implique de rester ouvert et honnête sur ses sentiments, de mieux saisir ces mystérieuses « raisons » afin de mieux les ressentir et les sublimer. En effet la force de l’amour est d’agir sur l’âme et non sur le corps. C’est donc sur l’âme que doit se focaliser l’attention des soupirants.

Bien sûr, il faut qu’il y ait une attirance physique entre les 2 amoureux, mais même si cette attraction rend la liaison possible, la passion charnelle est une conséquence naturelle de l’amour romantique et non la cause. La passion romantique, c’est avant tout une âme qui en rencontre une autre – idéalement « l’âme soeur » – et dans ce contexte le corps perd de son importance.

Au travers de l’image que se renvoie ces deux âmes qui se contemplent, la réalité elle même va subir une métamorphose et se mettre au diapason de la relation amoureuse. Cette dernière est en effet une quête d’absolu, un absolu qui dépasse les limites physiques tels que le temps, la distance ou même la mort. L’amour devient le centre de gravité de tout le reste.
Cependant, comme le souligne Camus dans « L’homme révolté », nous ne sommes pas fait pour ressentir nos émotions aux paroxysme de leur intensité toutes les heures de tous les jours de l’année, que cela soit les plus pures joies ou les pires souffrances. L’absolu dénie la monotonie du quotidien, mais la monotonie du quotidien à plus ou moins forte dose est un besoin physiologique que seuls les personnages de roman ne semblent pas ressentir. Ensuite il n’y a pas de passions tièdes, celles-ci se doivent d’être au moins un peu excessives, voire obsessionnelles.

Conséquence, l’amour romantique implique une relation tourmentée, tourment provoqué par le contraste de notre simple condition de mortels et des faiblesses qui l’accompagnent, avec des exigences de spiritualité et d’absolus qui ne laissent que de peu de place au trivial.

C’est derrière cette contradiction que se situent sans doute toute la force et la beauté de l’amour romantique. Il ne fait pas en fonction des obstacles, il les défie : chaque épreuve est une occasion de nourrir et d’accroître la passion amoureuse.

Loin de s’isoler dans un cocon, le couple romantique se frotte au monde. L’amour romantique exalte l’émancipation entière et absolue du « moi », mais émancipation ne veut pas dire isolement, et les difficultés qui ne peuvent manquer de surgir sont à la hauteur du défi. L’amour romantique nécessite un courage immense, un courage que seule une passion intense peut alimenter.

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